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CONTES ARABES.

de la reine, il arrêtoit moins souvent ses yeux sur le jardin, qu’il ne les levoit au ciel pour se plaindre de son malheureux sort.

Néanmoins, quelque occupé qu’il fût de ses ennuis, il ne laissa pas d’apercevoir un objet qui attira toute son attention. Une porte secrète du palais du sultan s’ouvrit tout-à-coup, et il en sortit vingt femmes, au milieu desquelles marchoit la sultane[1] d’un air qui la faisoit aisément distinguer. Cette princesse, croyant que le roi de la Grande Tartarie étoit aussi à la chasse, s’avança avec fermeté jusque sous les fenêtres de l’appartement de ce prince, qui, voulant par curiosité l’observer, se plaça de manière qu’il pouvoit tout voir sans être vu. Il remarqua que les personnes qui accompagnoient la sultane, pour bannir toute contrainte, se découvri-

  1. Le titre de sultane se donne à toutes les femmes des princes de l’Orient. Cependant le nom de sultane, tout court, désigne ordinairement la favorite.