Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/438

Cette page a été validée par deux contributeurs.
402
LES MILLE ET UNE NUITS,

Pour cet effet, je fis équiper dix vaisseaux seulement. Je m’embarquai, et nous mîmes à la voile. Notre navigation fut heureuse pendant quarante jours de suite ; mais la nuit du quarante-unième, le vent devint contraire et même si furieux, que nous fûmes battus d’une tempête violente qui pensa nous submerger. Néanmoins, à la pointe du jour, le vent s’apaisa, les nuages se dissipèrent, et le soleil ayant ramené le beau temps, nous abordâmes à une isle, où nous nous arrêtâmes deux jours à prendre des rafraîchissemens. Cela étant fait, nous nous remîmes en mer. Après dix jours de navigation, nous commencions à espérer de voir terre ; car la tempête que nous avions essuyée, m’avoit détourné de mon dessein, et j’avois fait prendre la route de mes états, lorsque je m’aperçus que mon pilote ne savoit où nous étions. Effectivement, le dixième jour, un matelot, commandé pour faire la découverte au haut du grand mât, rapporta qu’à la droite et à la gauche il