Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/420

Cette page a été validée par deux contributeurs.
384
LES MILLE ET UNE NUITS,

» Lorsqu’elle eut achevé, et préparé le cercle de la manière qu’elle le souhaitoit, elle se plaça et s’arrêta au milieu, où elle fit des abjurations, et récita des versets de l’Alcoran. Insensiblement l’air s’obscurcit, de sorte qu’il sembloit qu’il fût nuit, et que la machine du monde alloit se dissoudre. Nous nous sentîmes saisir d’une frayeur extrême ; et cette frayeur augmenta encore, quand nous vîmes tout-à-coup paroître le génie, fils de la fille d’Éblis, sous la forme d’un lion d’une grandeur épouvantable.

» Dès que la princesse aperçut ce monstre, elle lui dit : « Chien, au lieu de ramper devant moi, tu oses te présenter sous cette horrible forme, et tu crois m’épouvanter ? » « Et toi, reprit le lion, tu ne crains pas de contrevenir au traité que nous avons fait et confirmé par un serment solennel, de ne nous nuire, ni faire aucun tort l’un à l’autre ? » « Ah maudit, répliqua la princesse, c’est à toi que j’ai ce reproche à faire. » « Tu vas, interrompit brusquement le lion, être