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LES MILLE ET UNE NUITS,

en fit après que je lui eus présenté la pêche, augmenta son étonnement. La table levée, on lui apporta d’une boisson particulière, dont il me fit présenter un verre. Je bus, et j’écrivis dessus de nouveaux vers, qui expliquoient l’état où je me trouvois après de grandes souffrances. Le sultan les lut encore, et dit : « Un homme qui seroit capable d’en faire autant, seroit au-dessus des plus grands hommes. »

» Ce prince s’étant fait apporter un jeu d’échecs, me demanda, par signe, si j’y savois jouer, et si je voulois jouer avec lui. Je baisai la terre ; et en portant la main sur ma tête, je marquai que j’étois prêt à recevoir cet honneur. Il me gagna la première partie ; mais je gagnai la seconde et la troisième ; et m’apercevant que cela lui faisoit quelque peine, pour le consoler, je fis un quatrain que je lui présentai. Je lui disois que deux puissances armées s’étoient battues tout le jour avec beaucoup d’ardeur, mais qu’elles avoient fait la paix sur le soir, et qu’elles avoient passé la nuit ensemble fort