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CONTES ARABES.

vi des officiers qui devoient être du voyage, il se rendit au pavillon royal qu’il avoit fait dresser auprès des tentes du visir. Il s’entretint avec cet ambassadeur jusqu’à minuit. Alors voulant encore une fois embrasser la reine, qu’il aimoit beaucoup, il retourna seul dans son palais. Il alla droit à l’appartement de cette princesse, qui, ne s’attendant pas à le revoir, avoit reçu dans son lit un des derniers officiers de sa maison. Il y avoit déjà long-temps qu’ils étoient couchés, et ils dormoient tous deux d’un profond sommeil.

Le roi entra sans bruit, se faisant un plaisir de surprendre par son retour une épouse dont il se croyoit tendrement aimé. Mais quelle fut sa surprise, lorsqu’à la clarté des flambeaux, qui ne s’éteignent jamais la nuit dans les appartemens des princes et des princesses, il aperçut un homme dans ses bras. Il demeura immobile durant quelques momens, ne sachant s’il devoit croire ce qu’il voyoit. Mais n’en pouvant douter :