de marchandises les plus précieuses de mes magasins, et qu’une garde suffisante le conduise et l’escorte jusques chez lui. » Après avoir chargé l’officier de cette commission, il dit adieu à l’Envieux, et continua sa marche.
» Lorsque j’eus achevé de conter cette histoire au génie, assassin de la princesse de l’isle d’Ébène, je lui en fis l’application. « Ô génie, lui dis-je, vous voyez que ce sultan bienfaisant ne se contenta pas d’oublier qu’il n’avoit pas tenu à l’Envieux qu’il n’eût perdu la vie, il le traita encore et le renvoya avec toute la bonté que je viens de vous dire. » Enfin, j’employai toute mon éloquence à le prier d’imiter un si bel exemple, et de me pardonner ; mais il ne me fut pas possible de le fléchir. « Tout ce que je puis faire pour toi, me dit-il, c’est de ne te pas ôter la vie ; ne te flatte pas que je te renvoie sain et sauf. Il faut que je te fasse sentir ce que je puis par mes enchantemens. » À ces mots il se saisit de moi avec violence,