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LES MILLE ET UNE NUITS,

tre, et ne manqua pas de lui attirer une infinité de monde, tant du peuple que des principaux de la ville. Enfin, chacun l’honoroit et le chérissoit extrêmement. On venoit aussi de bien loin, se recommander à ses prières ; et tous ceux qui se retiroient d’auprès de lui, publioient les bénédictions qu’ils croyoient avoir reçues du ciel par son moyen.

» La grande réputation du personnage s’étant répandue dans la ville d’où il étoit sorti, l’Envieux en eut un chagrin si vif, qu’il abandonna sa maison et ses affaires, dans la résolution de l’aller perdre. Pour cet effet, il se rendit au nouveau couvent de derviches, dont le chef, ci-devant son voisin, le reçut avec toutes les marques d’amitié imaginables. L’Envieux lui dit qu’il étoit venu exprès pour lui communiquer une affaire importante, dont il ne pouvoit l’entretenir qu’en particulier. « Afin, ajouta-t-il, que personne ne nous entende, promenons-nous, je vous prie, dans votre cour ; et puisque la nuit ap-