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LES MILLE ET UNE NUITS,

ministres du roi mon oncle fort en peine d’apprendre ce qu’étoit devenu le prince mon cousin. Mais pour ne pas violer le serment que j’avois fait de lui garder le secret, je n’osai les tirer d’inquiétude, et ne voulus rien leur communiquer de ce que je savois.

» J’arrivai à la capitale où le roi mon père faisoit sa résidence ; et contre l’ordinaire, je trouvai à la porte de son palais une grosse garde, dont je fus environné en entrant. J’en demandai la raison, et l’officier prenant la parole, me répondit : « Prince, l’armée a reconnu le grand visir à la place du roi votre père, qui n’est plus, et je vous arrête prisonnier de la part du nouveau roi. » À ces mots, les gardes se saisirent de moi, et me conduisirent devant le tyran. Jugez, madame, de ma surprise et de ma douleur.

» Ce rebelle visir avoit conçu pour moi une forte haine, qu’il nourrissoit depuis long-temps. En voici le sujet : dans ma plus tendre jeunesse, j’aimois à tirer de l’arbalète ; j’en tenois