Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/324

Cette page a été validée par deux contributeurs.
288
LES MILLE ET UNE NUITS,

plus beau de pardonner à un misérable comme moi, dépourvu de tout secours, que de l’accabler de votre pouvoir, et de le sacrifier à votre ressentiment. »

Zobéïde, malgré sa colère, ne put s’empêcher de rire en elle-même des lamentations du porteur. Mais sans s’arrêter à lui, elle adressa la parole aux autres une seconde fois : « Répondez-moi, dit-elle, et m’apprenez qui vous êtes ; autrement vous n’avez plus qu’un moment à vivre. Je ne puis croire que vous soyez d’honnêtes gens, ni des personnes d’autorité ou de distinction dans votre pays, quel qu’il puisse être. Si cela étoit, vous auriez eu plus de retenue et plus d’égards pour nous. »

Le calife impatient de son naturel, souffroit infiniment plus que les autres, de voir que sa vie dépendoit du commandement d’une dame offensée et justement irritée ; mais il commença à concevoir quelque espérance, quand il vit qu’elle vouloit savoir qui ils étoient tous ; car il s’ima-