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CONTES ARABES.

dit-elle, je viens supplier votre majesté de ne pas trouver étrange que je sois dans l’état où je suis. Trois nouvelles affligeantes que je viens de recevoir en même temps, sont la juste cause de la vive douleur dont vous ne voyez que les foibles marques. » « Hé quelles sont ces nouvelles, madame, lui dis-je ? » « La mort de la reine ma chère mère, me répondit-elle, celle du roi mon père, tué dans une bataille, et celle d’un de mes frères, qui est tombé dans un précipice. »

» Je ne fus pas fâché qu’elle prît ce prétexte pour cacher le véritable sujet de son affliction, et je jugeai qu’elle ne me soupçonnoit pas d’avoir tué son amant. « Madame, lui dis-je, loin de blâmer votre douleur, je vous assure que j’y prends toute la part que je dois. Je serois extrêmement surpris que vous fussiez insensible à la perte que vous avez faite. Pleurez : vos larmes sont d’infaillibles marques de votre excellent naturel. J’espère néanmoins que le temps et