Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, I.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xvij
DE M. GALLAND

peu d’attention sur ses besoins, n’en ayant aucune sur ses commodités ; remplaçant quand il le falloit par ses seules lectures, ce qui lui manquoit du côté des livres ; n’ayant pour objet que l’exactitude, et allant toujours à sa fin sans aucun égard pour les ornemens qui auroient pu l’arrêter.

Simple dans ses mœurs et dans ses manières comme dans ses ouvrages, il auroit toute sa vie enseigné à des enfans les premiers elémens de la grammaire, avec le même plaisir qu’il a eu à exercer son érudition sur différentes matières.

Homme vrai jusque dans les moindres choses, sa droiture et sa probité alloient au point, que rendant compte à ses associés de sa dépense dans le Levant, il leur comptoit seulement un sou ou deux, quelquefois rien du tout pour les journées, qui, par des conjonctures favorables, ou même par des abstinences involontaires, ne lui avoient pas coûté davantage.

Il mourut le 17 février dernier[1] d’un redoublement d’asthme, auquel se joignit, sur la fin, une fluxion de poitrine : il avoit 69 ans.

L’amour des lettres est la dernière chose qui s’est éteinte en lui. Il pensa, peu de jours avant sa mort, que ses ouvrages, le seul, l’unique bien qu’il laissoit, pourroient être dis-

  1. 1715.