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CONTES ARABES.

çue contre le médecin Douban, qui ne vous a fait aucun mal, vous voulez que je le fasse mourir ; mais je m’en garderai bien, de peur de m’en repentir, comme ce mari d’avoir tué son perroquet. » Le pernicieux visir étoit trop intéressé à la perte du médecin Douban, pour en demeurer là. « Sire, répliqua-t-il, la mort du perroquet étoit peu importante, et je ne crois pas que son maître l’ait regretté long-temps. Mais pourquoi faut-il que la crainte d’opprimer l’innocence vous empêche de faire mourir ce médecin ? Ne suffit-il pas qu’on l’accuse de vouloir attenter à votre vie, pour vous autoriser à lui faire perdre la sienne ? Quand il s’agit d’assurer les jours d’un roi, un simple soupçon doit passer pour une certitude, et il vaut mieux sacrifier l’innocent, que sauver le coupable. Mais, sire, ce n’est point ici une chose incertaine : le médecin Douban veut vous assassiner. Ce n’est point l’envie qui m’arme contre lui, c’est l’intérêt seul que je prends à la conservation de votre