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LES MILLE ET UN JOURS

la rendit plus vaine et plus gaie. Elle dit mille choses agréables en soupant, et acheva par son esprit d’inspirer à son hôte tout l’amour qu’il pouvait sentir. Il ne laissa pas de son côté de briller dans le repas. Échauffé par la vue et par l’enjouement de la jeune dame, il lui échappait de temps en temps des saillies fort plaisantes. Lorsqu’il fut temps de se retirer, il se prosterna devant Dilara et lui dit : « Quand je demeurerais ici cent années, je croirais toujours n’être avec vous que depuis un moment ; mais quelque plaisir que je prenne à votre entretien, il faut que je vous quitte et vous laisse reposer. Demain, si vous voulez bien me le permettre, je reviendrai. — J’y consens, répondit la dame ; vous n’avez qu’à vous trouver sur le soir à la porte de la mosquée où l’on a été vous prendre aujourd’hui, et l’on vous ramènera dans cette maison. » Après avoir achevé ces paroles, elle se fit apporter une bourse de fils d’or et de soie qui était l’ouvrage de ses mains et dans laquelle il y avait des bijoux d’un prix considérable. « Tenez, Couloufe, lui dit-elle, ne refusez pas ce petit présent, ou bien vous ne me reverrez plus. » Le fils d’Abdallah prit la bourse, remercia la dame et sortit du salon. Il rencontra dans la cour la bonne vieille, qui lui ouvrit la porte de la rue et lui montra le chemin du palais.

Aussitôt qu’il y fut arrivé, il se retira dans son appartement et se coucha. Il passa le reste de la nuit à rappeler dans sa mémoire tout ce qu’il avait vu le jour. Il était si occupé de Dilara que le sommeil ne put fermer sa paupière. Il se leva de grand matin et se rendit chez le roi. Ce prince, qui ne l’avait pas vu le jour précédent et qui l’avait demandé plusieurs fois, était fort en peine de lui. « Eh, d’où viens-tu,