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CONTES ORIENTAUX

mode raste ; ensuite on lui apporta une viole, elle joua sur le mode ipahany ; après cela, elle prit une flute douce, et joua sur le mode rihaoüy. En un mot, elle employa les douze modes l’un après l’autre, et les vingt-quatre branches de la musique. Elle chanta aussi, et sa voix ne fit pas moins de plaisir à l’amoureux Couloufe, que la manière dont elle avait joué des instruments.

Il en fut si charmé, que ne pouvant plus se posséder : « Ma reine, s’écria-t-il, vous m’avez ôté la raison, je ne puis résister aux transports que vous m’inspirez. Souffrez que je baise une de vos belles mains, et que je mette ma tête à vos pieds. » En disant cela, cet amant passionné se jeta par terre comme un homme insensé, et saisissant une des mains de la dame, il la baisa fort amoureusement. Mais cette aimable personne, choquée de sa hardiesse, le repoussa d’un air fier et lui dit : « Qui que tu sois, arrête et ne passe pas les bornes de la modestie, je suis une fille de qualité. Il est inutile que tu désires ma possession, tu ne saurais l’acquérir : tu ne me verras plus. » À ces mots, elle se retira, et toutes les autres dames à son exemple en firent autant.