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NOTICE


On peut dire des contes ce que les généalogistes disent complaisamment de certaines familles nobles : leur origine se perd dans la nuit des temps. Un érudit, Paul-Philippe Gudin, la fait bravement remonter à la création du monde, et paraît convaincu que les livres de Moïse sont remplis de contes. Cette opinion, un peu audacieuse, a d’ailleurs été adoptée par Parny, lorsqu’il s’est amusé à mettre en vers les Galanteries de la Bible.

Ce qui paraît incontestable, c’est que, de même que la fable, le conte a pris naissance sur les bords du Gange. La tradition nous a donné le nom du premier fabuliste, Bidpaï[1] ; mais le nom du créateur des contes ne nous est point parvenu. On sait du moins que, de l’Inde, ces récits fantastiques passèrent dans la Perse et dans l’Arabie, et ce, bien longtemps avant que Khosrou — Nouschirvan[2], roi de Perse, eût conquis les provinces septentrionales de l’Indoustan et fait traduire les fables de Bidpaï.

  1. Bidpaï, Pilpay ou Pidpay. Ce brahmane, dont le nom signifie, selon quelques orientalistes, médecin charitable ; selon d’autres, pied d’éléphant, vivait, d’après certain auteurs, deux mille ans avant notre ère ; d’après d’autres, quelques siècles seulement avant J.-C. Bidpaï aurait été vizir d’un ancien roi de l’Inde, nommé Dabscbelin, et chargé par lui d’administrer l’empire. On lui attribue les fables en sanscrit, connues sous le nom de Pantcha-tantra (les cinq livres), et d’Hitopadesa (Conseils à un ami, qui ont été traduites dans presque toutes les langues connues. La Fontaine a imité une vingtaine de fables du Pantcha-tantra.
  2. Khosrou ou Chosroès 1er, 531-579.