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LES MILLE ET UN JOURS

à présent la possession. — Non, non, repartit le calife, jouissez tranquillement de votre trésor : je renonce même au droit que j’ai dessus, et puissiez-vous vivre assez longtemps pour l’épuiser. »

Zobéide pria le fils d’Abdelaziz et Dardané de lui conter ses aventures, et elle les fit écrire en lettres d’or. Après cela, l’empereur ordonna les apprêts de leur mariage, qui se fit avec beaucoup de pompe. Les réjouissances publiques qui le suivirent duraient encore, lorsqu’on vit revenir le vizir Giafar avec les troupes qui tenaient Aboulfatah bien lié. Pour le roi de Basra, il s’était laissé mourir de chagrin de n’avoir pu retrouver Aboulcasem.

Sitôt que Giafar eut rendu compte de sa commission à son maître, on dressa devant le palais un échafaud et l’on y fit monter le méchant Aboulfatah. Tout le peuple, instruit de la cruauté de ce vizir, au lieu d’être touché de son malheur, témoignait de l’impatience de voir son supplice. Déjà l’exécuteur avait le sabre à la main, prêt à faire tomber la tête du coupable, quand le fils d’Abdelaziz, se prosternant devant le calife, lui dit : « Commandeur des croyants, accordez à mes prières la vie d’Aboulfatah. Qu’il vive ! qu’il soit témoin de mon bonheur ! qu’il voie toutes les bontés que vous avez pour moi ; ne sera-t-il pas assez puni ?

— Ô trop généreux Aboulcasem ! s’écria l’empereur, que vous méritez bien de régner ? Que les peuples de Basra seront heureux de vous avoir pour roi ! — Seigneur, lui dit le jeune homme, j’ai encore une grâce à vous demander. Donnez au prince Aly ce trône que vous me destinez. Qu’il règne avec la dame qui a eu la générosité de me dérober à la fureur de son père. Ces deux amants sont dignes de cet honneur. Pour