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LES MILLE ET UN JOURS

palais, et raconta cet accident au roi, qui se sentit saisir d’une frayeur mortelle, et qui lui dit : « Ô Waschi, que deviendrons-nous ? Puisque ce jeune homme nous est échappé, nous sommes perdus. Il ne manquera pas de se rendre à Bagdad et de parler au calife. »

XIV

Aboulfatah de son côté, au désespoir de n’avoir plus en sa puissance la victime de son avarice et de sa cruauté, dit au roi son maître : « Plût au ciel que je lui eusse hierôté la vie, il ne nous causerait pas tant d’inquiétude. Il ne faut pas toutefois, ajouta-t-il, nous désespérer encore. S’il a pris la fuite, comme il n’en faut pas douter, il ne saurait être loin d’ici. Allons avec tous les soldats de la garde. Parcourons tous les environs de la ville. J’espère que nous le trouverons. » Le roi se détermina sans peine à une recherche si importante. Il assembla tous ses soldats, et les partageant en deux corps, il en donna un à son vizir. Il se mit à la tête de l’autre, et ces troupes se répandirent de toutes parts dans la campagne.

Pendant qu’on cherchait Aboulcasem dans tous les villages, dans les bois et dans les montagnes, le vizir Giafar, qui s’était mis en chemin, rencontra sur la route le courrier qui lui dit : « Seigneur, il est inutile que vous alliez jusqu’à Basra si Aboulcasem est la cause de votre voyage ; car ce jeune homme est mort. Ses obsèques se firent ces jours passés. Mes yeux en ont été les tristes témoins. » Giafar, qui se faisait un plaisir de voir le nouveau roi et de lui présenter lui-même ses patentes, fut très affligé de sa mort. Il en