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CONTES ORIENTAUX

IX

Cependant ce bon vieillard tomba malade, et les médecins ne le purent guérir. Se voyant à l’extrémité, il fit retirer tout le monde et me dit : « Il est temps, mon fils, de vous révéler un secret important. Si je n’avais pour tout bien que cette maison avec les richesses que vous y voyez, je croirais ne vous laisser qu’une fortune médiocre ; mais tous les biens que j’ai amassés pendant le cours de ma vie, quoique considérables pour un marchand, ne sont rien en comparaison du trésor qui y est caché et que je veux vous découvrir. Je ne vous dirai pas depuis quel temps, par qui, ni de quelle manière il se trouve ici, car je l’ignore. Tout ce que je sais, c’est que mon aïeul en mourant le découvrit à mon père, qui me fit aussi la même confidence peu de jours avant sa mort.

Mais, poursuivit-il, j’ai un avis à vous donner, et gardez-vous bien de le mépriser. Vous êtes naturellement généreux. Lorsque vous vous verrez en état de suivre votre penchant, vous ne manquerez pas de prodiguer vos richesses. Vous recevrez magnifiquement les étrangers qui viendront chez vous. Vous les accablerez de présents, et vous ferez du bien à tous ceux qui imploreront votre secours. Cette conduite, que j’approuverais fort si vous la pouviez tenir impunément, sera cause de votre perte. Vous vivrez avec tant de magnificence, que vous exciterez l’envie du roi de Basra ou l’avarice de ses ministres. Ils vous soupçonneront d’avoir un trésor caché. Ils n’épargneront