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CONTES ORIENTAUX

Symorgue vous ait si bien servie. Il est vrai, ajoutât-elle en souriant, qu’il vous avait trop d’obligations pour ne se pas exposer aux plus grands périls, plutôt que de vous laisser dans les fers. — Ô ma princesse, lui répondit Ghulnaze sur le même ton, vous voyez que le cerf n’abandonne pas la biche, lorsqu’elle a besoin de son secours. »

Après quelques moments d’entretien, ils entrèrent dans le palais, que Farrukhnaz trouva beau. Puis ils en sortirent pour aller au parc où il y avait plus de trois cents cerfs. La sœur de la magicienne leur fit reprendre leur forme naturelle de la même manière qu’elle avait rendu la sienne à Symorgue. À mesure qu’ils redevaient hommes, ils se jetaient aux pieds de leur charmante libératrice, pour lui faire les remerciements qu’ils lui devaient. Ils étaient tous pour la plupart jeunes et bien faits.

Les uns se disaient Tartares, les autres Chinois, et les autres Carizmiens. Il y en avait de tous les endroits de l’Asie ; mais le conducteur de Farrukhnaz fut bien surpris et causa un extrême étonnement aux princesses, quand tout à coup démêlant, dans la foule des cerfs redevenus hommes, le prince Farrukhschad, il courut se prosterner à ses genoux, en lui disant : « Ô mon cher prince, est-il possible que je vous retrouve ici ? — Oh, mon ami, répondit le prince de Perse en le relevant, est-ce Symorgue qui se présente à mes yeux ? — Oui, seigneur, reprit le confident, c’est lui-même ; et, pour comble de joie, il vous amène la princesse de Cachemire. » À ces mots, il conduisit son maître à Farrukhnaz, qui reconnut dans le prince les traits qu’elle avait vus en songe, comme, de son côté, Farrukhschad connut d’abord en la regardant que c’était la princesse dont il conservait si chèrement l’image dans sa mémoire.