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LES MILLE ET UN JOURS

fleurs. Elle a sous la tête un sac de satin qui lui sert de chevet : si vous pouvez prendre ce sac sans qu’elle se réveille, la clef de mes fers est dedans, vous me tirerez d’affaire ; mais si vous réveillez Mehrefza en vous saisissant du sac, vous êtes perdu. Il n’y a point d’autres moyens de rompre mes chaînes ; tout l’effort humain n’en saurait venir à bout. — Laissez-moi faire, dis-je alors à Ghulnaze, je vais vous apporter la clef. »

Je sors aussitôt du palais, je m’avance dans le jardin du côté de l’occident, et j’aperçois la magicienne endormie sur le gazon, la tête appuyée sur le sac dont j’entreprenais la conquête. J’ai demeuré quelque temps incertain du parti que j’avais à prendre ; mais la crainte de réveiller Mehrefza m’a déterminé à lui couper la têle d’un coup de sabre. J’ai donc tué la magicienne, et j’ai porté le sac à sa sœur, qui m’attendait avec beaucoup d’inquiétude. Je lui ai conté ce que je venais de faire, et elle en a paru ravie ; après cela, j’ai tiré la clef du sac, et j’ai mis ma princesse en liberté.

C’est ainsi, continua Symorgue, que je me suis défait de la plus méchante femme de la terre ; nous pouvons présentement, divine Farrukhnaz, entrer dans le palais ; nous y trouverons Ghulnaze qui se dispose en ce moment à vous recevoir ; elle a autant de joie de votre arrivée ici que de sa propre délivrance. » À ces mots, il présenta la main à la princesse de Cachemire et la conduisit au palais. Ils rencontrèrent Ghulnaze qui venait au-devant d’eux. Cette dame se prosterna aux pieds de la fille de son roi : mais Farrukhnaz la releva, l’embrassa tendrement et lui fit mille amitiés. « Belle Ghulnaze, lui dit-elle, je suis charmée que le brave et généreux