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LES MILLE ET UN JOURS

Je ne manquai pas de demeurer auprès de Kesaya jusqu’au lendemain. Alors j’allai retrouver le chef des minisires du temple, qui m’adopta pour fils et me retint auprès de lui. Enfin, de peur de perdre le fruit de toutes mes peines en omettant quelques circonstances, je me défis d’Ahran de la manière que Ghulnaze me l’avait prescrit, et je devins grand-prêtre à sa place. Je guéris peu de temps après le prince Farrukhrouz, ce qui me mit dans une si haute réputation que vous souhaitâtes de me voir. Vous savez le reste, et quelles impressions firent sur vous les peintures que j’avais fait faire dans la salle où je vous reçus. Je vous observai avant que de me montrer, et je m’aperçus qu’elles vous donnaient beaucoup à penser.

Voilà, charmante Farrukhnaz, ajouta Symorgue, ce que j’ai cru ne devoir pas plus longtemps vous laisser ignorer. Pardonnez-moi l’artifice dont je me suis servi pour vous ôter la fausse opinion que vous aviez des hommes et pour lier votre sort à celui du plus aimable des princes. »

La princesse de Cachemire rougit pendant tout ce récit, qui lui faisait connaître qu’elle avait été trompée ; mais l’amour qu’elle se sentait pour le prince de Perse l’empêcha d’en savoir mauvais gré au faux derviche. « Achevez, lui dit-elle, de nous apprendre ce que vous avez fait. Quelle entreprise venez-vous d’exécuter dans le palais de la magicienne ? — Belle Farrukhnaz, reprit-il, après vous avoir quittée, je me suis avancé vers le palais ; j’en ai trouvé la porte ouverte, je suis entré, je n’ai vu personne, j’ai seulement entendu une voix plaintive dont les tristes accents m’ont attiré dans une chambre d’où elle partait ; j’y ai trouvé, sur un grand