Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
405
CONTES ORIENTAUX

Farrukhschad, poursuivit-il, prenez courage, ne vous livrez point à votre mélancolie ; il n’est pas impossible de vaincre l’aversion que la princesse de Cachemire a pour les hommes. Hélas ! le mal de mon fils n’était pas sans remède ! s’il eût eu la patience d’attendre l’effet des stratagèmes qu’on eût pu employer pour lui, il ne serait point mort. »

Le roi de Gaznine, après avoir donné quelque espérance au prince de Perse, alla trouver ses vizirs qui l’attendaient au conseil ; et Farrukhschad, impatient de m’entretenir, m’envoya chercher et me conta tout ce qu’il venait d’apprendre. « Oh, mon cher prince, lui dis-je alors, votre bonheur est certain, puisque nous savons à quelle princesse nous avons affaire. Si le roi veut me permettre, j’irai dans le royaume de Cachemire, j’entreprends de vous amener ici l’objet de vos vœux. Ne me demandez point de quelle manière je prétends en venir à bout, car je ne le sais pas moi-même ; je prendrai conseil de l’occasion. » Le prince, ravi de voir avec quelle confiance je promettais de le rendre heureux, m’embrassa et nous passâmes le reste de la journée à nous réjouir ensemble.

Le lendemain matin je pris congé de mon prince, et, avec la permission du roi de Gaznine, je partis pour le royaume de Cachemire, bien armé et monté sur un très beau cheval. Après plusieurs jours de marche, je me trouvai dans cette prairie, du côté qu’on voit le palais où je vais bientôt vous conduire. Charmé de la beauté du lieu, je mis pied à terre, je laissai paître mon cheval, et je m’assis sous un arbre touffu, au bord d’une fontaine, dont l’eau pure et transparente m’invitait à me désaltérer. Je ne pus me défendre d’en boire, je m’assis ensuite sur l’herbe et je m’endormis.