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LES MILLE ET UN JOURS

la princesse que le ciel vous destine pour épouse. Allons, mon prince, allons de royaume en royaume chercher cette aimable personne ; nous pourrons la trouver et la voir plus réellement que vous ne l’avez vue. Je vais dire au roi votre père que votre mal ne vient que d’un violent désir de voyager, et je suis sûr qu’il vous permettra de satisfaire votre envie. »

Farrukhschad, ravi de ce discours, m’embrassa, et je le quittai pour aller rendre compte au roi de cet entretien. Je lui répétai mot pour mot tout ce que le prince m’avait dit. Ensuite j’ajoutai : « Je n’ai pas voulu combattre les illusions qui font tout son mal ; je les ai plutôt flattées, et je me suis aperçu que ma complaisance l’a fort soulagé. Pour achever de le guérir, il faudrait que Votre Majesté nous permît à lui et à moi de voyager : c’est le moyen de bannir la mélancolie de Farrukhschad et de lui faire oublier cet objet chimérique dont il est préoccupé. » Le roi entra dans mon sentiment et ordonna qu’on fit un magnifique équipage pour le prince son fils, qui, suivi d’un très grand nombre d’officiers, partit bientôt de Chiras avec moi.

Après une assez longue traite que nous fîmes, sans tenir de route assurée, nous arrivâmes à la ville de Gaznine, où règne un vieux roi qui aime autant ses sujets qu’il en est estimé. Ce bon vieillard envoya le capitaine des gardes au-devant de Farrukhschad, pour lui témoigner la joie qu’il avait de son heureuse arrivée, et pour le prier en même temps de l’excuser, s’il ne pouvait sortir de son palais pour l’aller recevoir. Mon prince fit beaucoup d’honnêtetés au capitaine et lui demanda des nouvelles de la santé du roi. « Seigneur, lui dit l’officier, le roi mon maître est malade de chagrin. Il a perdu depuis quelques jours son fils