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CONTES ORIENTAUX

CONCLUSION DE L’HISTOIRE DE LA PRINCESSE DE CACHEMIRE

La nourrice conta encore beaucoup d’histoires, sans doute moins mémorables que celles qui ont précédé, puisque le souvenir n’en est pas venu jusqu’à nous.

Il y avait déjà mille et un jours qu’elle amusait la princesse, lorsque Farrukhrouz tomba malade. Le roi Togrul-Bey, qui aimait tendrement son fils, fit appeler les plus habiles médecins de l’Indostan ; mais ils ne pouvaient le guérir. La consternation que cette dangereuse maladie répandit à la cour, interrompit tous les plaisirs. La princesse de Cachemire ne voulut plus entendre d’histoires. Togrul-Bey cessa d’aller à la chasse. On n’était occupé que du prince ; tout le monde tremblait pour ses jours.

Un jour le roi, qui allait souvent voir le chef du temple de Kesaya, dit à ce grand-prètre : « Vous savez que j’aime mon fils plus que ma propre vie. Les médecins ont épuisé tout leur art sans pouvoir lui rendre la santé. Je n’attends plus rien de leurs remèdes, et j’ai recours à vos prières. Je me flatte que par votre intercession j’obtiendrai ce que je désire. — Il faut tout espérer, sire, lui répondit le grand-prêtre, quand on implore la bonté du ciel. Je vais passer la nuit dans le temple, je prierai Kesaya d’intercéder pour le prince, et demain je vous dirai si ses prières auront été exaucées. »

Le lendemain matin le grand-prètre alla trouver Togrul-Bey, qui, plein d’impatience, s’avançait au-devant