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CONTES ORIENTAUX

CXII

De l’autre côté, au pied de la montagne, Ganem aperçut une belle ville, dont les environs, parsemés de maisons de campagne bien bâties, avec de grands jardins, faisaient un très beau spectacle à voir. Dans le temps qu’il était attaché à considérer ces objets agréables, le lion de marbre poussa un cri si effroyable que la montagne en trembla, et que toute la campagne voisine en retentit.

À ce cri, qui fut entendu de la ville, les habitants sortirent en foule et s’acheminèrent vers la montagne, ce qui ne causa pas moins d’étonnement à Ganem que le cri du lion. Les plus signalés et les plus distingués avancèrent à la tête des autres, et rendirent de profonds respects à Ganem, et lui firent de grands compliments, en lui souhaitant toutes sortes de prospérités. Ensuite ils lui présentèrent un beau cheval, richement harnaché. Il monta dessus à leur prière, et ils lui firent cortège jusqu’à la ville, avec tout le peuple qui était sorti au-devant : ils le conduisirent dans un palais magnifique, et le firent entrer dans un bain d’eau de roses, après quoi on le frotta avec des essences de musc et d’ambre. Ils le revêtirent enfin d’un manteau royal, le proclamèrent leur roi et lui prêtèrent foi et hommage en cette qualité.

Jusque-là Ganem n’avait rien trouvé d’extraordinaire dans les honneurs qu’on lui avait rendus, il les avait regardés comme un effet de la considération singulière de ce peuple envers les étrangers, mais