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LES MILLE ET UN JOURS

Revendé devint bientôt premier ministre et s’acquitta si bien de cet emploi qu’il gagna l’estime et l’amitié de tous les habitant de l’île.

CX

HISTOIRE DES DEUX VOYAGEURS[1]

Permettez, dit le lendemain Sutlumemé, que je vous dise maintenant une petite histoire qui prouve que tout n’est pas péril à voyager. Farrukhnaz le voulut bien, et l’esclave parla ainsi :

« Salem et Ganem étaient amis, et faisaient ensemble un voyage de plusieurs journées. Un jour, ils arivèrent à une haute montagne, et en la côtoyant par le bas, ils rencontrèrent une fontaine dont l’eau était fraîche et excellente. Près de la fontaine était un canal d’eau vive, bordé et ombragé de cyprès, de pins et de platanes, au milieu d’une prairie parsemée de fleurs qui rendait encore le lieu plus agréable. Tous ces agréments invitèrent les deux voyageurs à s’y arrêter et à prendre un peu de repos, pour se remettre de la fatigue d’un fâcheux désert qu’ils venaient de traverser. Ils choisirent un endroit commode, où ils s’assirent sur l’herbe. Après qu’ils se furent délassés quelque temps, ils se promenèrent autour de la fontaine, et le long du canal. Ils s’approchèrent aussi de l’endroit par où l’eau de la fontaine se jetait dans un grand bassin, et sur le bord ils aperçurent un marbre blanc orné de caractère d’azur si bien formés qu’il était aisé de juger de l’excellence

  1. La Fontaine a tiré une de ses fables de ce conte.