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CONTES ORIENTAUX

CIX

Repsima fut ravie de retrouver son époux si fidèle, et, charmée du refus qu’il faisait d’une jeune esclave, elle lui dit : « Si je priais le Tout-Puissant de ressusciter cette femme dont la perte t’afflige tant, serais-tu bien aise de la revoir, et si tu la revoyais, la reconnaîtrais-tu ? « En disant ces paroles, elle leva son voile, et Temim reconnut Repsima.

La joie qu’il eut de rencontrer sa femme ne put être égalée que par l’étonnement où furent le voleur arabe et son esclave, le capitaine hydropique et le jeune homme furieux, d’apercevoir dans la reine les traits de la personne qu’ils avaient offensée. Cette princesse embrassa Temim, et conta ses aventures en présence de tous les seigneurs de sa cour, qui les admirèrent. Puis elle fit donner au voleur arabe dix mille ducats d’or avec une riche veste de brocard et une robe magnifique pour sa femme ; mille ducats au capitaine et autant au jeune homme qui l’avait vendue. Après cela, elle se leva de dessus son trône, prit Temim par la main et le mena dans son cabinet, où ils se mirent tous deux en prière pour remercier le ciel de les avoir rassemblés. Ensuite Repsima dit à son époux : « Puisque les lois du royaume ne me permettent pas de me dépouiller de l’autorité souveraine pour vous en revêtir, du moins vous demeurerez dans mon palais, et vous y partagerez avec moi la douceur d’une vie agréable, et nous ferons à notre frère un sort dont il aura sujet d’être content. » En effet,