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LES MILLE ET UN JOURS

rendre la vue à l’aveugle. Sa prière fut exaucée, à l’instant même Revendé reprit la faculté de voir.

À ce spectacle, les applaudissements se renouvelèrent. Toute l’assemblée recommença de louer Dieu et la reine, qui renvoya les étrangers au caravansérail, en leur disant : « Revenez encore ici demain, vous pourrez voir des choses qui vous surprendront peut-être plus que celles dont vous êtes étonnés aujourd’hui. » Le jour suivant, ils ne manquèrent pas de revenir au palais. La reine appela Temim et l’obligea de s’asseoir sur un fauteuil d’or, qu’elle avait fait mettre auprès du trône pour cet effet. Ensuite elle lui dit : « Ô marchand de Basra, tu as bien essuyé des peines et des chagrins. J’entre dans tes malheurs, et pour te les faire oublier, j’ai résolu de te donner en mariage la plus belle de mes filles esclaves, et tu demeureras dans ma cour, si tu veux. »

Au lieu d’accepter la proposition de la reine, Temim se prit à pleurer, et dit à la reine : « Votre Majesté me comble de grâces, et je suis pénétré de toutes ses bontés ; mais je la conjure de ne me pas savoir mauvais gré si je refuse l’offre qu’elle me fait de la main d’une de ses esclaves ; tant que je vivrai, une autre femme que Repsima ne sera dans ma pensée. Ma chère Repsima est toujours présente à mon esprit. Je ne puis me consoler de l’avoir perdue, et je suis dans la résolution d’aller passer le reste de mes jours à la pleurer sur l’endroit où elle a été si injustement enterrée toute vive. »