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CONTES ORIENTAUX

croyait sa belle-sœur morte, il fit un récit fort touchant de ses perfidies, sans y chercher d’excuses.

Lorsqu’il eut achevé de parler, la reine dit : « Il a été fort sincère, et il n’a rien avancé qui ne soit conforme à la vérité. » Temim, à ces mots, qui lui faisaient connaître toute la malignité de son frère et l’innocence de Repsima, fit un grand cri et tomba évanoui. Quelques officiers de la reine accoururent à son secours, et lorsque par leurs soins il eut repris l’usage de ses sens, il alla se prosterner devant le trône, et dit : « Ô ma princesse ! souffrez que je ramène ce perfide frère à Basra. Je ne demande plus sa guérison, je ne respire plus que sa mort. Je veux le conduire au lieu même où ma femme a été enterrée toute vive, et l’assommer là. Vous voyez que son crime est trop noir que je puisse le lui pardonner. »

La reine demeura quelque temps sans répondre, parce qu’elle pleurait sous son voile, tant elle était touchée de l’état où elle voyait son époux. Après qu’elle eut essuyé ses pleurs, elle adressa ce discours à Temim : « Ô marchand de Basra ! je vous conjure de modérer votre colère pour l’amour de moi. Votre frère, à la vérité, a commis un grand forfait ; mais puisqu’il le confesse publiquement, et qu’il se le reproche à lui-même, souvenez-vous que vous êtes tous deux formés du même sang, et remettez-lui le châtiment dont vous vouliez le punir. »

À ces paroles, Temim répondit : « C’est à Votre Majesté d’ordonner. Vous souhaitez que j’oublie sa faute, je consens à l’oublier, pourvu qu’il en fasse une sincère pénitence, et qu’il n’accuse plus personne faussement. » À peine le marchand de Basra eut-il dit à la reine qu’il pardonnait à Revendé, que cette princesse se mit la face contre terre, à prier le ciel de