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LES MILLE ET UN JOURS

repens. — Ah, traître ! s’écria le voleur arabe, transporté de colère, c’est donc toi qui m’as ravi mon fils unique ? Ô reine, ajouta-t-il en s’adressant à Repsima, permettez que je lui tranche la tête en ce moment. Un scélérat qui a été capable de commettre le forfait qu’il vient d’avouer, n’est pas digne de vivre ! — Non, lui répondit la reine, je ne veux pas que vous lui ôtiez la vie. — Je vous entends, princesse, répliqua l’Arabe ; vous vous opposez à ma fureur fort justement. Il vaut mieux que ce misérable demeure paralytique. La mort finirait trop tôt ses peines. — Vous vous trompez, repartit Repsima, ce n’est point pour prolonger ses maux que je souhaite qu’il vive. Puisqu’il se repent de son crime, il faut prier le Très-Haut de le lui pardonner. » Alors elle se prosterna au pied de son trône, et l’on vit aussitôt le corps du nègre reprendre son mouvement.

Tous les spectateurs furent surpris d’une chose si merveilleuse, et donnèrent mille louanges à Dieu et à la reine. Elle pria aussi pour l’hydropique et pour le furieux, et ces deux hommes furent parfaitement guéris. Alors Temim ne doutant point que son frère ne recouvrât la vue, lui dit : « Ô Revendé ! c’est à toi de parler, la reine n’attend que cela pour faire un nouveau miracle en ta faveur. — Oui, mais, dit Repsima, qu’il compte son histoire, et qu’il prenne garde de dire quelque chose qui ne soit pas véritable, car je sais toutes ses aventures, et s’il y mêle le moindre mensonge, le châtiment est tout prêt. » Revendé, jugeant par ces paroles que s’il s’obstinait à se taire, ou qu’il osât mentir, il serait puni sur-le-champ, et n’éviterait pas la confusion qui l’empêchait de parler, prit enfin le parti d’avouer tout. Comme il se repentait effectivement d’avoir trahi son frère, et qu’il