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CONTES ORIENTAUX

dès ce moment de faire des vœux pour eux, car ils ont déjà dit la vérité. »

Les six étrangers reprirent le chemin de leur caravansérail. Il y en avait déjà quatre fort satisfaits. Le frère de Temim et l’esclave nègre étaient seuls dans la tristesse. Ils auraient mieux aimé demeurer toute leur vie dans l’état où ils se trouvaient, que d’être obligés de faire un aveu public de leur trahison et de leur fureur. Ils tâchaient de dérober leur chagrin aux yeux de ceux qu’ils avaient offensés ; ils passèrent la nuit sans goùter le moindre repos.

Cependant, le lendemain matin, il leur fallut suivre les autres. Ils se rendirent tous au palais, et parurent devant la reine, qui était sur son trône, comme le jour précédent. « Eh bien ! leur dit-elle sitôt qu’elle les aperçut, l’aveugle et le paralytique sont-ils dans la résolution de ne rien déguiser ? Malheur à celui qui ne dira pas la vérité. » Alors le nègre s’avança tout honteux et plein de frayeur : comme il vit bien qu’il ne trouverait pas son compte à mentir, il résolut, au hasard de tout ce qui pouvait en arriver, de faire un récit sincère de ce qui s’était passé chez son maître au sujet de Repsima. Il avoua qu’il avait conçu une passion violente pour cette dame, et qu’enfin, s’en voyant méprisé, pour la perdre, il s’était déterminé à tuer le fils unique de l’Arabe.

CVIII

Lorsque le nègre eut tout avoué : « Voilà, dit-il, quel est mon crime, et le ciel m’est témoin que je m’en