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LES MILLE ET UN JOURS

tournant vers un autre, pourquoi êtes-vous hydropique ? — Ô reine ! répondit-il, je ne sais à quoi attribuer ma maladie, si ce n’est à la violence que je voulus faire à une belle esclave que j’achetai il y a quelques années d’un jeune homme qui me la vendit sur le bord de la mer. »

La reine à ces mots, envisagea l’hydropique, et le reconnut pour le capitaine à qui elle avait en effet été vendue. Elle ne fit pas semblant de le connaître non plus que les autres, et elle le laissa poursuivre ainsi son discours. « Je regarde donc, ajouta-t-il, mon mal comme une punition du ciel. — Et moi, s’écria un des étrangers, j’envisage aussi les fureurs dont je suis de temps en temps possédé, comme un châtiment que je mérite bien, pour vous avoir vendu cette même esclave que vous embarquâtes avec vous malgré elle. Je suis encore plus coupable que vous, car c’était une personne libre, à qui je devais la vie, et par reconnaissance je vous la livrai et la mis dans l’esclavage. »

Ces paroles firent aussi connaître à Repsima que l’homme qui venait de parler était celui qu’elle avait délivré de la mort pour soixante sequins. Alors elle dit aux six étrangers : « Je veux bien faire des prières pour vous procurer quelque soulagement. Retournez à votre caravansérail, et revenez ici demain à la même heure. L’aveugle et le paralytique peuvent être guéris, pourvu qu’ils fassent un aveu sincère des crimes qu’ils ont commis. Je sais leurs aventures ; mais j’exige d’eux qu’ils soient sincères et qu’ils ne mettent dans leur récit aucune fausse circonstance, car ils s’en repentiraient. Au lieu de m’intéresser pour eux, je les punirais très rigoureusement.

« Pour les autres, poursuivit-elle, je leur promets