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LES MILLE ET UN JOURS

CVII

Lorsque les étrangers arrivèrent au palais, deux seigneurs les menèrent devant la reine, qui avait le visage couvert d’un voile épais, aussi bien que toutes ses esclaves. Les étrangers se prosternèrent et demeurèrent la face contre terre, jusqu’à ce que Repsima leur ordonnât de se lever. Ensuite elle leur demanda ce qu’ils désiraient d’elle, et d’où ils étaient. Il y en eut un qui prit la parole pour les autres, et répondit : « Ô grande reine, Dieu fasse triompher vos armées ; que la terre vous obéisse, et que le ciel vous favorise. Nous sommes de malheureux pécheurs, et nous venons ici pour obtenir, par le moyen de Votre Majesté, que le Tout-Puissant nous pardonne nos péchés. — Parlez plus clairement, répondit la reine, après les avoir considérés. Je ne puis rien pour vous, à moins que vous ne contiez vos aventures publiquement, et sans en supprimer aucune circonstance. — Princesse, reprit là-dessus un des étrangers, il faut vous obéir. Je suis un marchand de Basra ; j’avais épousé une fille qui n’avait pas alors sa pareille dans le monde ; elle était parfaitement belle, douce, complaisante et vertueuse. Étant un jour obligé de faire un voyage, je la laissai dans ma maison, maîtresse de ses actions. Je priai seulement mon frère, qui est cet aveugle que vous voyez, d’avoir soin de mes affaires domestiques. À mon retour, il me dit qu’il avait trouvé ma femme en faute, qu’elle s’était déshonorée, et qu’enfin on l’avait enterrée toute vive : que cette aventure l’avait tellement chagriné à cause de moi et qu’il