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CONTES ORIENTAUX

pouvaient laisser les devoirs de son rang. Elle jeûnait, et plus elle se voyait honorée des hommes, plus elle s’humiliait devant le Tout-Puissant. Lorsqu’un malade avait recours à elle et la suppliait de demander au ciel sa guérison, elle le doublait ses prières pour cet effet, et le Seigneur les exauçait. Les habitants de son royaume ne purent tenir contre les miracles dont ils étaient témoins. Ils renoncèrent au culte du Soleil, qu’ils adoraient auparavant, et embrassèrent tous le mahométisme. Elle établit des lois saintes, et fit bâtir des mosquées sur les ruines de l’idolâtrie.

Elle fit faire aussi des hôpitaux pour les pauvres, et des caravansérails pour les étrangers qui viendraient dans cette île. Elle employa de grandes sommes à pourvoir ces lieux de toutes les choses nécessaires, et cet établissement devint si considérable qu’en peu de temps on vit arriver dans l’île des malades de toutes les nations du monde, qui sur la réputation de la reine, vinrent chercher du soulagement à leurs maux.

Un jour on vint dire à Repsima qu’il y avait six étrangers dans un caravansérail qui demandaient à lui parler, que l’un d’entre eux était aveugle, un autre paralytique de la moitié du corps, et un autre hydropique. Elle donna ordre qu’on les lui amenât sur-le-champ. En même temps elle s’assit sur un trône magnifique. Elle avait d’un côté auprès d’elle cinquante ou soixante esclaves richement vêtues, et de l’autre tous les grands de sa cour.