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CONTES ORIENTAUX

du pasteur. Elle eut beau remplir l’air de cris, il l’embarqua, et bientôt le vaisseau remit à la voile.

Le capitaine laissa quelques jours en repos Repsima ; mais ne voyant pas qu’elle le regardât plus favorablement, quelques marques de tendresse qu’il pût lui donner, il perdit patience et voulut un jour qu’elle eut de la complaisance pour son amour. Elle ne se trouva nullement disposée à céder aux efforts de son tentateur, qui de son côté ne ménageant rien, allait obtenir par la force la satisfaction qu’on lui refusait, lorsqu’un orage épouvantable vint effrayer l’équipage. Il s’élève tout à coup un vent si furieux qu’en un instant le vaisseau est démâté, les cordages rompus et les voiles emportées. Les matelots ne savent plus que faire, et le pilote, abandonnant le vaisseau à la merci du vent et des flots, s’écria sur le tillac : « Ô passagers, si quelqu’un de vous a commis des crimes et violé les lois du prophète, qu’il en demande pardon au ciel ; il n’y a point de temps à perdre, nous allons tous périr. » Effectivement la tempête augmenta, et le bâtiment, après avoir quelques moment lutté contre les vagues, fut enfin submergé.

CVI

Toutes les personnes du vaisseau périrent, à la réserve de Repsima et du capitaine. Ils se sauvèrent tous deux sur une planche, et allèrent prendre terre chacun à un endroit différent. La femme de Temim fut portée par les flots sur le rivage d’une île fort peuplée, et qui était gouvernée par une femme. Il y avait alors par hasard un grand nombre d’habitants