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CONTES ORIENTAUX

insolent pour m’entretenir de tes désirs. — Belle dame, lui répondit le jeune homme, je ne crois pas vous offenser quand je vous exprime tous les sentiments que la reconnaissance et votre vue ont fait naître en mon cœur. Est-ce vous faire un si grand outrage, que de vous dire que vous m’avez charmé ? — Tais-toi, misérable, interrompit Repsima, ne pense pas intéresser ma vertu à t’écouter ; c’est en vain que tu caches ton mauvais dessein sous des paroles soumises et respectueuses ; je sais bien les démêler au travers de tes discours flatteurs. Va, fuis, et ne m’oblige point à me repentir du service que je t’ai rendu. »

L’air dont elle prononça ces mots fit connaître au jeune homme qu’il n’avait rien à espérer. Il se leva sans rien dire davantage, et s’avança jusqu’au bord de la mer.

Il vit un vaisseau arrêté, dont l’équipage prenait terre : c’étaient des marchands de Basra qui allaient à Serendib ; il s’approcha d’eux et demanda le capitaine. « J’ai, lui dit-il, une fille esclave parfaitement belle que je voudrais vendre ; elle ne m’aime point : j’ai résolu de m’en défaire ; je l’ai laissée au bord d’une fontaine à deux pas d’ici : achetez-la, je vous en ferai très bon marché ; je vous la donnerai pour trois cents sequins. — Je vous prends au mot, lui répondit le capitaine, pourvu qu’elle soit jeune, et aussi belle que vous le dites. »

Là-dessus le jeune homme mena le capitaine vers la fontaine où Repsima, après avoir fait l’ablution, était en prière. Le capitaine ne l’eût pas plutôt envisagée qu’il compta trois cents sequins au jeune homme, qui reprit le chemin de la ville.

Le marchand qui venait d’acheter Repsima, s’approcha