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LES MILLE ET UN JOURS

CV

Cependant le jeune homme qui venait d’échapper à la mort chercha sa libératrice pour la remercier. Et sur ce qu’on lui dit qu’elle était sortie de la ville, il s’informa de la route qu’elle avait prise et marcha sur ses pas. Il la joignit au bord d’une fontaine où elle s’était arrêtée pour se reposer ; il la salua fort respectueusement et s’offrit à être son esclave pour lui témoigner sa reconnaissance. « Non, lui dit-elle, je ne prétends pas que vous achetiez si cher le service que je vous ai rendu ; vous ne m’avez pas tant d’obligation que vous vous l’imaginez. Ce n’est point pour l’amour de vous que je vous ai sauvé de la mort, c’est uniquement pour l’amour du Très-Haut. »

Pendant qu’elle parlait de cette sorte, le jeune homme avait les yeux sur elle ; et frappé de son excellente beauté, il en devint amoureux. Il déclara sur-le-champ son amour, et persuadé qu’il ne pouvait trouver une plus belle occasion de se montrer vif et pressant, il se jeta aux pieds de Repsima, et la conjura dans les termes les plus passionnés, de répondre à l’ardeur qu’elle venait de lui inspirer ; mais la chaste épouse de Temim, au lieu de voir avec plaisir un amant à ses genoux, se mit en colère contre lui, et ne le traita pas plus favorablement que le nègre : « Ô malheureux ! lui dit-elle, tu sais bien que sans moi tu ne serais plus présentement au monde. La main la plus infâme t’aurait ôté la vie, et tu oses attenter à mon honneur : tu es même assez