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LES MILLE ET UN JOURS

renvoyer cette femme sans lui faire aucun mal que de la tuer sans être assuré qu’elle soit criminelle. » L’Arabe approuva ce sentiment, et dit à Repsima : « Que vous soyez innocente ou coupable, je ne puis plus vous donner ici une retraite. Toutes les fois que nous vous verrions, ma femme et moi, nous nous rappellerions le souvenir de notre fils, et vous ne feriez tous les jours que renouveler notre affliction. Éloignez-vous de cette tente, et allez chercher un asile où il vous plaira. Vous devez être satisfaite de ma modération. Au lieu de vous ôter la vie, je veux même vous donner de l’argent pour subsister. »

Repsima loua l’équité de l’Arabe, et lui dit que le ciel était trop juste pour ne pas lui faire connaître quelque jour l’auteur du crime. Ensuite elle le remercia des bontés qu’il avait eues pour elle. Mais lorsqu’il lui présenta une bourse où il y avait cent sequins, elle lui dit : « Gardez votre argent et m’abandonnez à la Providence ; elle aura soin de moi. — Non, non, reprit-il, je prétends que vous preniez ces sequins, ils ne vous seront pas inutiles. » Elle les accepta, et après avoir prié la femme du voleur de ne lui point vouloir de mal, elle s’éloigna de l’habitation de l’Arabe.

Elle marcha toute la journée sans se reposer, et à l’entrée de la nuit elle arriva aux portes d’une ville qui n’était pas loin de la mer. Elle frappa par hasard à la porte d’une petite maison où demeurait une bonne vieille qui vint ouvrir et qui lui demanda ce qu’elle souhaitait. « Ô ma mère ! lui répondit Repsima, je suis étrangère, j’arrive en ce moment dans cette ville, je n’y connais personne ; je vous conjure d’être assez charitable pour me recevoir chez vous. La