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CONTES ORIENTAUX

poignard et se mit en devoir de le plonger dans le cœur de Repsima, qui était si surprise de ce qu’on osait l’accuser d’un forfait si noir, qu’elle gardait un profond silence.

Elle n’avait pas la force de parler pour se justifier, et le nègre allait la frapper, lorsque l’Arabe lui retint le bras. « Que faites-vous ? lui dit Calid. Devez-vous m’empêcher de châtier une impie qui ne reconnaît pas le droit du pain et du sel. Ah ! cessez de vous opposer à mon dessein. Souffrez que je purge la terre d’un monstre qui fera dans la suite encore d’autres crimes si on l’épargne dans cette occasion. » À ces mots, il leva le bras pour la seconde fois pour porter un coup mortel à Repsima, mais l’Arabe le retint encore, et iui défendit de la tuer. Le voleur se possédait dans son désespoir, et quoique les apparences fussent contre la femme de Temim, il avait de la peine à la croire coupable. Il voulut savoir ce qu’elle dirait pour se justifier. Il lui demanda pourquoi elle avait assassiné l’enfant. Elle répondit qu’elle n’avait aucune connaissance de cette affaire, et se mit à pleurer si amèrement que le voleur en eut pitié. Le nègre s’en aperçut, et malgré la défense que son maître lui avait faite de frapper la dame, il voulait la poignarder. L’empressement qu’il marquait à la tuer déplut à l’Arabe, qui lui commanda de se retirer. « Va, Calid, lui dit-il, tu pousses ton zèle trop loin : je ne veux point qu’on ôte la vie à cette femme, je la crois innocente malgré les apparences qui la condamnent. »

La femme du voleur, quelque vive douleur qu’elle ressentît de la mort de son fils, ne put aussi se persuader que Repsima fût coupable du crime qu’on lui imputait. « Il vaut mieux, dit-elle à son mari,