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LES MILLE ET UN JOURS

en ce moment l’auteur d’un si horrible forfait, je le déchirerais. Mais, ajouta-t-il, on peut ce me semble, le découvrir. Il ne faut que suivre les traces sanglantes de ce meurtre. » À ces mots, son maître et lui suivirent les gouttes de sang qui les conduisirent à la chambre de Repsima. Le nègre tire de dessous le lit le poignard qu’il y avait mis, et fait remarquer à l’Arabe que les habits de cette dame sont ensanglantés. Puis il tient ce discours : « Ô mon maître, vous voyez de quelle manière cette malheureuse reconnaît les bontés que vous avez pour elle. »

CIV

L’Arabe demeura dans un extrême étonnement lorsqu’il vit qu’en effet il y avait lieu de soupçonner Repsima d’avoir commis une action si cruelle. « Ô misérable ! lui dit-il, est-ce ainsi que tu observes les lois de l’hospitalité ? Pourquoi as-tu répandu le sang de mon fils ? Que t’avait fait ce pauvre innocent, pour armer ta main contre ses jours à peine commencés ? Ô inhumaine ! les services que je t’ai rendus méritaient une autre récompense. » En disant cela, il fondait en pleurs et se désespérait. « Ô mon cher seigneur, lui dit Calid, devez-vous parler dans ces termes à cette misérable étrangère ? Vous contenterez-vous de lui faire des reproches ? Enfoncez plutôt dans son sein le poignard funeste dont elle s’est servie pour vous enlever votre fils unique. Si vous ne voulez vous venger vous-même, laissez-m’en donc le soin, je vais punir cette scélérate qui s’est baignée dans le sang d’un enfant. » En achevant ces paroles, il prit le