Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
364
LES MILLE ET UN JOURS

CIII

La femme de l’Arabe la mena dans une petite chambre et lui dit : « Vous serez ici fort en repos : aucun fâcheux ne viendra vous interrompre dans vos prières. » Ce fut une grande consolation pour Repsima d’avoir trouvé cet asile. Elle en rendit sans cesse des grâces au ciel. Mais, hélas ! elle n’était pas à la fin de ses peines ; il lui devait arriver bien d’autres malheurs.

Le nègre qui servait sous la tente de l’Arabe et dont l’emploi était d’étriller les chevaux, de mener le bétail aux champs et de le ramener, jeta un jour un œil profane sur Repsima : « Qu’elle est belle, dit-il en lui-même, et que mon sort serait doux si je pouvais m’en faire aimer ! » Calid, c’est ainsi qu’il se nommait, quoiqu’il fût un des plus effroyables monstres de son espèce, ne laissa pas d’espérer qu’il pourrait devenir amant heureux. Cette espérance et la beauté de l’objet aimé, qu’il voyait souvent, augmentèrent son amour à un point tel qu’il résolut de le déclarer à la première occasion qui se présenterait. Elle s’offrit bientôt ; il la saisit un jour que l’Arabe et sa femme étaient hors de la tente. Il entra dans la chambre de Repsima : « Il y a longtemps, lui dit-il, que j’épie le moment de pouvoir vous dire en particulier que je meurs d’amour pour vous. Je suis prêt à perdre la vie si vous ne me secourez — Ah, misérable ! lui répondit-elle, as-tu pu t’imaginer que tu attirerais mon attention ? Quand tu serais le plus beau et le mieux