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CONTES ORIENTAUX

CI

Après les funérailles de Dukin, toute la famille représenta à Repsima qu’elle ne pouvait plus avec bienséance demeurer dans la solitude, et qu’elle devait se marier. En même temps on lui proposa un jeune marchand nommé Temim, dont on lui vanta la sagesse et la probité. Elle ne put d’abord goûter des avis si opposés à son penchant : mais depuis ayant dans sa prière consulté le grand prophète, elle se crut inspirée, et il ne lui en fallut pas davantage pour se déterminer à se marier avec Temim. Le mariage se fit peu de temps après.

Elle trouva dans son époux, outre le bien qu’on lui en avait dit, un homme disposé à l’aimer passionnément. Temim s’y attacha tous les jours de plus en plus, et charmé d’avoir une femme d’un mérite si rare, il s’estimait le plus heureux des hommes. Mais hélas ! son bonheur ne fut pas de longue durée.

Tremblez, mortels, lorsque vous vous voyez au comble de vos vœux ! L’instant qui doit être le dernier de votre félicité n’est peut-être pas éloigné de vous.

Temim, une année après son mariage, fut obligé de faire un voyage sur la côte des Indes. Il avait un frère qu’il chargea du soin de ses affaires domestiques. « Revendé, lui dit-il, mon cher frère, tiens bonne compagnie à Repsima pendant mon absence, ménage mon bien. Je ne t’en dirai pas davantage,