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CONTES ORIENTAUX

poussé par ses remords, avait été découvrir tout au grand-vizir, qui, sur sa déposition, avait fait mourir l’autre accusateur, pardonné au concierge et déclaré l’accusé innocent. Sur cet avis, il fit un voyage à Bagdad, alla trouver le vizir, qui lui restitua une partie de ses biens ; mais il la donna tout entière au concierge qui l’avait si généreusement sauvé, et il passa le reste de ses jours avec autant de tranquillité que d’agrément.

Sutlumemé finit en cet endroit l’histoire de Nasiraddolé, d’Abderrahmane et de Zeineb. Les femmes de Farrukhnaz louèrent fort la générosité du jeune marchand et celle du roi de Moussel, mais Farrukhnaz ne manqua pas de faire remarquer que la constance de la belle Circassienne était beaucoup plus méritoire que celle de son amant : « Ô ma princesse, dit Farrukhnaz, puisque vous paraissez aimer les caractères de personnes fidèles, je vais, si vous le permettez, vous conter l’histoire de Repsima. Je ne crois pas que le récit de ses aventures vous ennuie. » Les femmes de la princesse témoignèrent tant d’envie d’entendre cette nouvelle histoire que Farrukhnaz permit à Sutlumemé de la raconter.

HISTOIRE DE REPSIMA

Un marchand de Basra nommé Dukin, abandonna sa profession pour se donner tout entier à la piété. Il avait toujours été fort scrupuleux, et il avait par conséquent amassé fort peu de bien. Il vivait dans une petite maison à l’extrémité de la ville, avec une fille unique, qu’il élevait dans la crainte du Très-Haut