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LES MILLE ET UN JOURS

enlever un objet qu’il adore, et d’ailleurs, je vous l’avouerai, je suis peu sensible au sacrifice que ce prince me veut faire. Comme je n’ai point vu vos charmes, cet aveu ne vous offense pas. »

Il se tut après avoir dit ces paroles, et il attendait ce que l’esclave lui répondrait, lorsque tout à coup elle fit un éclat de rire ; ensuite elle leva son voile, et le Bagdadin reconnut en elle sa chère Zeineb : « Ah ! ma princesse, s’écria-t-il, emporté par un tranport mêlé de surprise et de joie, c’est donc vous que je vois ! — Oui, mon cher Abderrahmane, répondit-elle, c’est votre Zeineb qui vous est rendue. Le roi de Moussel n’a pas été moins généreux que vous. Dès qu’il a connu toute ma tendresse, et qu’il a vu qu’elle ne se rendait pas à ses soins, il a fini sa poursuite, et il ne me retient ici depuis longtemps que pour me remettre entre vos mains. »

La belle Zeineb et le jeune marchand passèrent la nuit à se témoigner mutuellement la joie qu’ils avaient de se revoir, et de la manière dont ils se trouvaient réunis. Le lendemain matin, Nasiraddolé vint dans leur appartement. Ils se jetèrent à ses pieds pour le remercier de ses bontés. Il les releva et leur dit : « Heureux amants, goûtez en repos, dans ma cour, les plaisirs d’une parfaite union. Pour lier encore plus étroitement vos cœurs, je vais ordonner les apprêts de votre mariage. Si je ne puis cesser d’aimer Zeineb, du moins mon amour n’éclatera que par les bienfaits dont je prétends vous combler. »

En effet, il ne se contenta pas de leur donner de grosses pensions, il leur assigna plus de vingt mille arpents de terre exempts de toutes charges. Pour surcroît de bonheur, Abderrahmane reçut d’agréables nouvelles de Bagdad. Il apprit qu’un de ses accusateurs,