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CONTES ORIENTAUX

vous demande, c’est que vous ayez avec elle une conversation. Si son esprit et sa beauté ne font sur vous aucun effet, je ne vous presserai plus de l’épouser. — Seigneur, repartit le Bagdadin, je consens de l’entretenir par complaisance, puisque vous le souhaitez. Cependant, soyez assuré que malgré tous ses charmes elle ne pourra disposer mon cœur à brûler d’une nouvelle flamme. »

C

Enfin Abderrahmane se retira dans son appartement, où il ne fut pas plus tôt que le chef des eunuques, suivi d’une dame voilée, y arriva, et lui dit : « Seigneur, voici la personne que le roi mon maître veut vous donner. C’est la plus belle de ses femmes. Il ne saurait vous faire de présent plus précieux. » En achevant ces paroles, il fit une profonde révérence au Bagdadin, laissa l’esclave et sortit.

Le jeune marchand de Bagdad salua fort civilement la dame, et la pria de s’asseoir sur un grand sopha de brocart bleu relevé d’une broderie d’or. Elle s’y assit ; il se mit auprès d’elle, et lui dit : « Ô vous ! qui sous ce voile représentez le soleil enveloppé d’un nuage épais, écoutez-moi, je vous en conjure. Je suis persuadé que le dessein du roi vous alarme. Vous craignez sans doute, que prompt à profiter de sa générosité, je n’aille par des nœuds éternels vous attacher à mon sort ; mais cessez d’appréhender que je vous fasse cette violence. J’aime trop Nasiraddolé pour lui