Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
345
CONTES ORIENTAUX

prophète qu’on voit à Médine. — Et si cela est, interrompit avec précipitation Zeineb, pourquoi faut-il nous séparer ? — Mon cœur en gémit, répondit-il ; mais je ne puis souffrir qu’un prince pour qui j’ai l’amitié la plus tendre et qui m’a donné tant de témoignages de la sienne, traîne une vie languissante : dès qu’il s’agit de son repos, je n’ai plus d’égard au mien. Lorsque je mesure la distance que la nature a mise entre ce rival et moi, il n’est point de sacrifice que je ne croie lui devoir faire ; et d’ailleurs quand je songe que c’est pour vous rendre favorite d’un souverain, cette pensée, je l’avouerai, adoucit la rigueur de la violence que je me fais en vous cédant ; allez donc remplir l’heureux destin qui vous attend à Moussel ; hâtez-vous de joindre Nasiraddolé et de faire succéder dans son cœur la joie la plus vive à l’affliction dont il est saisi. »

À ces paroles, qu’il ne put achever sans verser quelques pleurs, il ordonna aux officiers qu’il avait nommés pour conduire Zeineb à Moussel, de l’emmener promptement et de l’arracher à sa vue, car elle fondait en larmes et paraissait si affligée, qu’il commençait à ne pouvoir plus soutenir ce spectacle. Les officiers la mirent dans la litière avec une vieille esclave qui la servait, et ils prirent le chemin qu’avait suivi le roi de Moussel.

XCVII

Ils eurent beau faire diligence, la litière allait trop lentement pour pouvoir joindre Nasiraddolé, qui montait un cheval arabe des plus vigoureux. Il arriva dans