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LES MILLE ET UN JOURS

« Est-ce là, dit-il au Bagdadin, cette Circassienne dont vous m’avez parlé ? — Oui, seigneur, répondit Abderrahmane, c’est elle-même, suis-je un peintre flatteur ? avez-vous jamais vu quelque chose de plus beau ? »

XCVI

Le Bagdadin attendait la réponse du roi de Moussel, et il ne doutait pas qu’elle ne fût très glorieuse pour Zeineb ; mais il fut bien étonné lorsqu’il vit que ce prince, au lieu de louer la beauté de cette esclave, prit un air sérieux et chagrin sans vouloir dire ce qu’il en pensait, ce qui lui fit juger que le monarque trouvait Zeineb plus belle que toutes les femmes de son sérail et qu’il en avait un secret dépit : « Seigneur, reprit-il un moment après, en le reconduisant à son appartement, je vois bien que j’ai trop présumé des charmes de Zeineb ; je vous les ai sans doute trop vantés. » Nasiraddolé ne répondit rien encore à ces paroles, et lorsqu’il fut dans la chambre où il couchait, il pria son hôte de l’y laisser seul, parce qu’il souhaitait, disait-il, de se reposer. Abderrahmane aussitôt se retira, persuadé qu’il n’était chagrin qu’à cause qu’il venait d’avoir le démenti.

Le lendemain matin le jeune marchand alla au lever du roi de Moussel ; il croyait trouver ce monarque dans une meilleure situation, mais il le surprit dans une tristesse et dans un accablement dont il fut vivement touché. « Qu’avez-vous, seigneur, lui dit-il ? De quel sombre nuage vos yeux sont-il enveloppés ? Quelle est la cause de cette profondes