Page:Les Mille et Un Jours, trad. Pétis de la Croix, 1919.djvu/357

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
341
CONTES ORIENTAUX

de leurs plus riches habits et qu’elles s’assemblent toutes dans un appartement bien éclairé. »

L’eunuque courut s’acquitter de sa commission, et le Bagdadin se remit à table en disant au prince : « Seigneur, vous jugerez bientôt par vous-même si vous avez tort ou raison de penser que votre sérail renferme les plus belles femmes de l’Asie. — Je vous avoue, répondit le roi, que je suis curieux de savoir si l’amour ne vous aveugle point. »

Ils continuèrent de se réjouir, et ils burent des liqueurs jusqu’à ce que le même eunuque qui avait paru vint dire à son maître que les esclaves étaient assemblées et qu’elles n’avaient rien oublié de ce qui pouvait relever leur beauté. Alors le Bagdadin emmena le roi de Moussel dans un appartement de la dernière magnificence, où il y avait trente esclaves, jeunes, belles, bien faites, et toutes couvertes de pierreries : elles étaient assises sur des sofas d’étoffe de soie de couleur de rose à fleurs d’argent ; les unes jouaient du luth, les autres du tambour de basque, et les autres s’amusaient à chanter en attendant l’arrivée de leur maître : elles se levèrent dès qu’elles l’aperçurent, et se tinrent debout en gardant un silence modeste. Abderrahmane leur ordonna de s’asseoir et de continuer à jouer de leurs instruments ; elles obéirent dans le moment.

Le roi de Nasiraddolé, tout grand prince qu’il était, fut obligé d’avouer qu’il n’avait point dans son sérail de plus aimables personnes ; il se mit à les considérer l’une après l’autre ; il commença par les joueuses de luth, qui lui parurent fort jolies ; il ne trouva pas moins agréables celles qui jouaient du tambour de basque, et lorsqu’il vint à examiner les chanteuses, il en vit une dont la beauté l’éblouit.