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CONTES ORIENTAUX

Ce fut ainsi que Sutlumemé acheva l’histoire du roi de Damas et de son vizir. Les femmes de Farrukhnaz, à leur ordinaire, lui donnèrent des applaudissements. Elles louèrent fort la constance des amants dont elles venaient d’entendre les aventures, et la princesse, selon sa coutume, ne manqua pas de trouver à redire à leur fidélité. Cela ne rebuta point la nourrice, qui demanda la permission de conter de nouvelles histoires. Elle l’obtint, et le jour suivant elle reprit la parole de cette manière.

XCIII

HISTOIRE DE NASIRADDOLÉ, ROI DE MOUSSEL, D’ABDERRAHMANE, MARCHAND DE BAGDAD, ET DE LA BELLE ZEINEB

Un jeune marchand de Bagdad, nommé Abderrahmane, possédait d’immenses richesses ; aussi vivait-il comme un grand seigneur. On voyait tous les jours à sa table les principaux officiers du calife ; tous les honnêtes gens de la ville étaient fort bien reçus chez lui, aussi bien que les étrangers qui l’allaient voir. Il aimait naturellement à faire plaisir à tout le monde : avait-on besoin de son crédit ou de sa bourse, on pouvait avoir recours à lui, sans craindre qu’il les refusât ; et les personnes qu’il avait déjà obligées ne lassaient point sa générosité en implorant de nouveaux secours : on ne parlait dans la ville que de son humeur bienfaisante et de ses actions généreuses. Les qualités du corps répondaient à