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LES MILLE ET UN JOURS

Mais je pris bientôt un air sérieux, et j’apostrophai les amants dans des termes qu’ils méritaient. Après leur avoir fait publiquement des reproches, je condamnai le docteur Danischemend à donner quatre mille sequins d’or à Banou, je déposai le cadi, et confiai le gouvernement de la ville de Damas à un autre seigneur de ma cour. Ensuite, ayant fait ôter les coffres, j’ordonnai à la jeune marchande de lever son voile. « Montrez-nous, lui dis-je, ces traits dangereux dont la vue a été si fatale à ces trois personnes qui s’en sont laissé charmer. »

La femme de Banou obéit. Elle leva son voile, et nous fit voir toute la beauté de son visage. L’émotion que cet événement et la nécessité de demeurer exposée aux regards de toute ma cour lui causaient, ajoutait un nouvel éclat à son teint. Je n’ai jamais rien vu de si beau qu’Arouya. J’admirai ses charmes, et je m’écriai dans l’excès de mon admiration : « Ah ! qu’elle est belle ! L’alfakih, le cadi et le gouverneur ne me paraissent plus si coupables. »

Je ne fus pas le sent qu’elle frappa. À la vue de son incomparable beauté, il s’éleva dans ma cour un murmure applaudissant. Tout le monde n’avait des yeux que pour elle. On ne pouvaient se lasser de la regarder ni de la louer. Comme je témoignai que je souhaitais d’entendre un détail circonstancié de l’histoire qu’elle venait de nous conter succinctement, elle nous en fit un récit avec tant d’esprit et de grâce qu’elle augmenta encore notre admiration. La salle d’audience retentit de louanges ; et ceux qui connaissaient Banou, malgré le mauvais état de ses affaires, le trouvaient trop heureux d’avoir une si charmante femme.

Après qu’elle eut satisfait ma curiosité, elle me